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Vichy (Allier)

Source des Célestins © Christian Parisey, Région Auvergne - Inventaire général du Patrimoine culturel, ADAGP, 2012

Titre : Vichy, invitation à la promenade
Cadre de l’enquête : Enquête thématique
Aire d’étude : Ville de Vichy
Nature des données : Urbanisme, architecture
Date de fin : novembre 2010


Bien que la réputation des villes d’eaux soit ancienne, la mode de « prendre les eaux », dans son acception moderne, complexe, mêlant conventions sociales et hygiénisme naissant, se développe à partir de la seconde moitié du XVIIIe siècle pour l’aristocratie européenne. Mais c’est surtout sous le Second Empire que « partir aux eaux » devient une pratique de plus en plus répandue. Elle est am­plifiée dès la seconde moitié du XIXe siècle par le goût de la villégiature, le déve­loppement des chemins de fer, l’intérêt des investisseurs pour le thermalisme, la reconnaissance de la valeur thérapeutique des eaux minérales et les nombreuses cures que Napoléon III effectue dans les stations thermales françaises, notam­ment Plombières (Vosges), Saint-Sauveur (Hautes-Pyrénées) et Vichy.

Si une station thermale est tout d’abord reconnue pour la qualité curative de ses eaux, elle l’est aussi pour la renommée de ses promenades. Sous le Second Empire, une ville d’eaux sans promenade officielle ne saurait avoir de renommée. Flâner, déambuler, marcher ou encore cheminer ne sont pas des actes banals et font partie intégrante de l’emploi du temps du curiste du XIXe siècle. Le cadre architec­tural et urbain qui dirige ces pratiques déambulatoires a été mis en place à Vichy entre 1850 et 1914, période qui correspond au développement de la ville et à son épanouissement thermal. La promenade reflète, en la réglant en partie, l’histoire urbaine, architecturale, économique et sociologique de la station. Clef de lecture possible pour expliquer la formation de cette ville dont l’association tripartite État, Compagnie Fermière et municipalité a donné naissance au paysage thermal de Vichy que l’on connaît aujourd’hui.

Que l’on soit malade ou bien portant, la cure thermale est selon le chroniqueur Félix Mornand, en 1853, « le complément, la continuation obligée des élégances de l’hiver, (...) s’en dispenser, laisser fuir toute une saison sans apparaître ni à Vichy, ni à Dieppe, ni à Bade, ni à Hambourg, ce serait non seulement une faute de goût, un solécisme impardonnable, mais un crime de lèse-société ».

La bourgeoisie se plaît à côtoyer les « grands » de ce monde qui accompagnent Napoléon III lors de ses séjours, publicité incontestable pour le thermalisme fran­çais alors que les stations étrangères sont déjà très renommées. En effet Bath est la plus importante villégiature d’Angleterre au XVIIIe siècle, et les stations germani­ques et austro-hongroises telles que Karlsbad, Baden-Baden ou encore Marienbad deviennent des stations de prestige dans la seconde moitié du XIXe siècle.

Leur attrait principal réside notamment dans les divertissements in situ, la ville de plaisir venant concurrencer la ville de santé, mais aussi dans les sites alentour composés de forêts et de montagnes, qui multiplient l’engouement pour les pro­menades et les flâneries, véritables adjuvants de la cure. Vichy n’à donc de cesse de rivaliser avec ces stations étrangères et d’entreprendre des travaux spectacu­laires en matière de promenades et d’infrastructures thermales afin d’étendre son influence pour devenir la « reine des villes d’eaux ».

L’état actuel de Vichy montre encore, dans ses permanences architecturales et urbaines, la trame qui en a réglé l’usage en 1910. Le repérage des traces par les sources littéraires, touristiques et médicales de 1910, permet de comprendre ce qu’il est advenu de ces promenades.